Comme nombre de filières, le numérique a été fortement impacté par la crise COVID-19, les enquêtes et le baromètre Impact-Covid menés par Digital 113 et la Direccte Occitanie ont permis de mettre en lumière ce constat. Si l’on aperçoit une reprise sur l’ensemble du territoire français, l’Occitanie fait face à des difficultés pour se relancer.

Dans un contexte de crise économique dans l’aéronautique, sur fond de crise sanitaire, Airbus annonçait il y a quelques semaines le plus grand plan social de son histoire. En conséquence, les premiers plans sociaux dans la sous-traitance aéronautique en Occitanie ont déjà également été annoncés.

Le secteur numérique de notre territoire subit pleinement ce contexte. Un recensement auprès des entreprises, mené par le Syntec Numérique Occitanie, laisse présager la suppression de près de 10 000 emplois dans les filières numérique et ingénierie, soit près d’un quart des emplois du secteur en région. Pour anticiper ce risque et maintenir un haut niveau de compétences en Occitanie, le Syntec Numérique, lance une mission de marketing territorial avec l’appui de Digital 113, le soutien de la Préfecture et de la région Occitanie.

En quoi consiste concrètement cette mission, quels en sont les enjeux et ambitions ? Rencontre avec Frédéric Honnorat, pilote de cette mission de marketing territorial pour le consortium mené par le Syntec Numérique et Digital 113.

1- Bonjour Frédéric, avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous présenter et nous décrire en quelques mots l’objectif de votre mission ?

J’oeuvre dans le secteur du digital depuis plusieurs années, d’un côté en tant que dirigeant d’entreprise et de l’autre en étant impliqué dans des actions et des mouvements associatifs en Occitanie.

À la demande du bureau régional Syntec Numérique Occitanie, sous l’impulsion de sa déléguée régionale, Anne Destouches, et de Daniel Benchimol, animateur de la Cellule de Crise Covid Syntec Occitanie (C3SO), j’ai rejoint C3SO il y a une semaine en tant que chargé de marketing territorial pour une durée de six mois.

Afin d’accompagner les entreprises du numérique en cette période difficile, j’ai pour objectif principal de trouver des opportunités permettant de réduire le risque de perte des compétences numérique en région, le secteur ayant été lourdement impacté par la crise de la Covid-19.

2- La crise aéronautique secoue la Région Occitanie, quel sont les impacts sur le secteur du numérique en Occitanie ?

En effet, il existe une réelle dépendance économique des entreprises avec le secteur de l’aéronautique notamment dans le bassin Toulousain. Cette filière jusqu’alors prospère, subit de plein fouet la crise sanitaire, ce qui perturbe l’ensemble du marché de l’emploi de la région. La filière du numérique n’est pas épargnée par la crise de l’aéronautique qui génère un plan massif d’arrêt de missions et de projets. C’est une perspective de 10 000 emplois d’ingénieurs et de techniciens qualifiés qui vont être supprimés dans les mois à venir, si aucune action n’est entreprise. Jamais autant de compétences n’avaient été disponibles en même temps et le challenge pour la région va être de garder ces profils sur le territoire Occitan afin de préparer une reprise.

3- Face à cette crise sans précédent, quelles réponses d’ajustement et mesures de soutien attendre pour les entreprises du numérique ?

Nous devons jouer collectif et nous rapprocher des industriels et des donneurs d’ordre pour proposer de continuer ou de démarrer des projets numériques stratégiques, tout en respectant certaines conditions et garanties régionales. Ces actions devront se faire au niveau régional, national et international. Nous avons déjà commencé à nous rapprocher d’Airbus afin d’identifier les projets stratégiques à soutenir. Nous avons l’ambition, en valorisant l’attractivité de nos experts, de faire venir en Occitanie des projets d’industries internationales auxquels nos compétences apporteront une véritable valeur ajoutée tout en restant sur le territoire. Nous étudions l’opportunité de déployer une plateforme de compétences franche pour inciter des projets à venir se développer en région. 

4- Pour faire face à la crise les acteurs du numérique doivent s’adapter, peut-on envisager à l’avenir une évolution locale du secteur ?

Tout à fait, il va falloir se réinventer et attirer des entreprises avec leurs projets afin de maintenir les compétences sur notre territoire. Nous possédons un large panel de savoirs faire dans le numérique dans divers secteurs d’activité comme la santé, le tourisme, l’agriculture, le spatial, la cybersécurité, l’IA, la Data et bien d’autres. Il est essentiel de mettre en lumière ces compétences régionales et d’ainsi faire valoir notre attractivité auprès des autres régions et pays. 

Pour finir, nous allons accompagner activement nos ingénieurs et techniciens, en investissant dans des plans de formation pour le maintien et le développement des compétences pour les intégrer dans des entreprises et des projets numériques innovants au cœur du territoire.

Notre ambition est de faire reconnaitre un pool de ressources spécialisées pour une force d’action inédite !  

Ce projet et cette mission sont ambitieux certes, mais je ne doute pas des capacités d’adaptation et de l’agilité de nos compétences à affronter cette crise.